Aujourd'hui, je veux parler de saint Pierre Damien, moine, amoureux de la solitude et, en même temps, homme d’Église intrépide, engagé personnellement dans l’œuvre de réforme entreprise par les papes de son époque. En plus d’une solide compétence dans le domaine du droit, il acquit une habileté raffinée dans l’art de la rédaction, l’« ars scribendi ».

Vers l’an 1034, la contemplation de l’absolu de Dieu le poussa à s’éloigner progressivement du monde et de ses réalités éphémères, pour se retirer au monastère de Fonte Avellana, dédié à la Sainte Croix. Et la croix sera le mystère chrétien qui fascina le plus Pierre Damien : « N’aime pas le Christ celui qui n’aime pas la croix du Christ ».

Il était aussi un fin théologien : il expose avec clarté et vivacité la doctrine trinitaire en utilisant déjà les trois termes fondamentaux qui deviendront ensuite déterminants pour la philosophie occidentale : ‘processio’, ‘relatio’ et ‘persona’. La méditation sur la figure du Christ a également des implications pratiques significatives : « Le Christ doit être entendu dans notre langue, le Christ doit être vu dans notre vie, il doit être perçu dans notre cœur ». La communion avec Jésus-Christ crée une unité d’amour entre les chrétiens : non seulement toute l’Église universelle est unie, mais encore, en chacun de nous, l’Église tout entière devrait être présente.

— Avec une grande douleur et tristesse, en 1057, Pierre Damien quitta le monastère et accepta, quoique à contrecœur, la nomination de cardinal-évêque d’Ostie, entrant ainsi pleinement en collaboration avec les papes dans la difficile entreprise de la réforme de l’Église.