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Méditons l’Évangile d’aujourd’hui

L'Évangile d'aujourd'hui + homélie (de 300 mots)

Temps du Carême - 3e Semaine: Samedi
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Première Lecture (Os 6,1-6): Venez, retournons vers le Seigneur ! il a blessé, mais il nous guérira ; il a frappé, mais il nous soignera. Après deux jours, il nous rendra la vie ; il nous relèvera le troisième jour : alors, nous vivrons devant sa face. Efforçons-nous de connaître le Seigneur : son lever est aussi sûr que l’aurore ; il nous viendra comme la pluie, l’ondée qui arrose la terre. – Que ferai-je de toi, Éphraïm ? Que ferai-je de toi, Juda ? Votre fidélité, une brume du matin, une rosée d’aurore qui s’en va. Voilà pourquoi j’ai frappé par mes prophètes, donné la mort par les paroles de ma bouche : mon jugement jaillit comme la lumière. Je veux la fidélité, non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.
Psaume Responsorial: 50
R/. Tu veux la fidélité, Seigneur, non le sacrifice.
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.

Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.

Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem. Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes sur ton autel.
Verset avant l'Évangile (Ps 94,8): Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur.
Texte de l'Évangile (Lc 18,9-14): Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient tous les autres: «Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même: ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes: voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne’. Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: ‘Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis!’. Quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l'autre. Qui s'élève sera abaissé; qui s'abaisse sera élevé».

«C'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste»

Fr. Gavan JENNINGS (Dublín, Irlande)

Aujourd'hui, le Christ nous présente deux hommes qui, pour un observateur "ordinaire" pourraient sembler presque identiques, car ils se trouvent au même endroit et font la même chose: tous les deux sont «montés au temple pour prier» (Lc 18,10). Mais au-delà des apparences, au plus profond de leur conscience personnelle, les deux hommes diffèrent radicalement: l'un, le pharisien, a la conscience tranquille, alors que l'autre, le publicain —collecteur d'impôts— est inquiet car il ressent de la culpabilité.

Aujourd'hui, nous avons tendance à considérer les sentiments de culpabilité —le remords— comme quelque chose qui se rapproche d'une aberration psychologique. Cependant, le sentiment de culpabilité permet au publicain de ressortir du Temple réconforté, car «lorsque cet homme est redescendu à sa maison il était devenu juste alors que l'autre non» (Lc 18,14). «Ce sentiment de culpabilité» a écrit Benoît XVI quand il était encore le Cardinal Ratzinger ("Conscience et vérité") «trouble la fausse tranquillité de la conscience et on peut l'appeler "protestation de la conscience" contre mon existence faite d'auto-satisfaction. Il est aussi nécessaire pour l'homme que la douleur physique, qui signifie une altération du fonctionnement normal du corps».

Jésus ne nous incite pas à penser que le pharisien ne dit pas la vérité quand il affirme qu'il n'est pas un rapace, qu'il n'est ni injuste ni adultère et qu'il jeûne et donne de l'argent au Temple (cf. Lc 18,11); ni que le collecteur d'impôts délire en se considérant comme un pécheur. Ce n'est pas la question. C'est plutôt que «le pharisien ne se rend plus compte que lui aussi est coupable. Sa conscience est complètement nette. Mais le "silence de la conscience" le rend impénétrable vis-à-vis de Dieu et des hommes, alors que le "cri de la conscience" qui inquiète le publicain le rend capable de sentiments de vérité et d'amour. Jésus peut troubler les pécheurs!» (Benoît XVI).

Pensées pour l'évangile d'aujourd'hui

  • « Le cœur est ce qui doit être brisé. Et n’aie pas peur de perdre ton cœur en le brisant, car le psaume dit aussi : Dieu, crée en moi un cœur pur. Pour que ce cœur pur soit créé, il faut que le cœur impur soit avant brisé » (Saint Augustin)

  • « Nous sommes toujours prêts à passer pour des innocents. Mais ce n’est pas ainsi que vous avancez dans la vie chrétienne… Avant et après la confession, dans ta vie, dans ta prière, es-tu capable de t’accuser? Ou est-ce qu’il t’est plus facile d’accuser les autres ? » (François)

  • « Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes quotidiennes (péchés véniels), est néanmoins vivement recommandée par l’Eglise. En effet, la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l’Esprit. En recevant plus fréquemment par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être miséricordieux comme lui » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 1.458)

Autres commentaires

«Qui s'élève sera abaissé; qui s'abaisse sera élevé»

Abbé David COMPTE i Verdaguer (Manlleu, Barcelona, Espagne)

Aujourd'hui, à nous qui sommes immergés dans la culture de l'image, l'Évangile qui nous est proposé a un contenu particulièrement fort. Mais procédons par étapes.

Dans le passage que nous contemplons, nous voyons que dans une personne se trouve un nœud de trois cordes, si bien qu'il est impossible de le défaire en négligeant l'une ou l'autre. La première nous relie à Dieu; la deuxième aux autres; et la troisième à nous-mêmes. Notons bien ceci: ceux auxquels s'adresse Jésus «étaient convaincus d'être justes et méprisaient tous les autres» (Lc 18,9), de sorte qu'ils priaient mal. Les trois cordes vont toujours ensemble!

Comment les mettre correctement en relation? Quel est le secret pour défaire le nœud? La conclusion de cette parabole incisive nous le dit: l'humilité. Comme sainte Thérèse d'Avila l'expliquait: «L'humilité, c'est la vérité».

C'est sûr: l'humilité nous permet de reconnaître ce que nous sommes vraiment. Ne pas nous gonfler de gloire, ne pas non plus nous mépriser. L'humilité nous fait reconnaître pour tels les dons que nous avons reçus et nous permet de présenter à Dieu notre travail de la journée. L'humilité reconnaît aussi les dons des autres. Mieux, elle s'en réjouit.

Enfin, l'humilité est aussi la base de notre relation avec Dieu. Songeons que, dans la parabole, le pharisien mène une vie irréprochable, avec des pratiques religieuses hebdomadaires; il va même jusqu'à faire l'aumône! Mais il lui manque l'humilité et cela envenime tous ses actes.

La Semaine Sainte s'approche. Bientôt nous contemplerons —une fois de plus!— le Christ sur la Croix: «Le Seigneur crucifié est un témoignage insurpassable d'amour patient et d'humble mansuétude» (Jean-Paul II). Nous y verrons comment, à la supplique de Dimas —«Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume» (Lc 23,42)— le Seigneur répond par une canonisation-éclair: «En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis» (Lc 23,43). Ce personnage, qui était un assassin, est en fin de compte canonisé par le Christ lui-même avant de mourir.

C'est un cas inédit et, pour nous, une consolation…: la sainteté, ce n'est pas nous qui la “fabriquons”, c'est Dieu qui l'octroie s'il trouve en nous un cœur humble et contrit.